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GR11 PROJECT - Avec iRun & Asics

Dernière mise à jour : 3 nov. 2020

L'année 2020 est marquée par l'annulation de presque toutes les compétitions de courses à pied à travers le monde, du 10 km en passant par l'ultra trail. Cette saison blanche porte également le sceau d'un nombre record de projets "off" et autres challenges hors norme d'athlètes de très haut niveau soutenus par les grandes enseignes. Cela nous a inspiré chez Bromance pour créer notre propre projet démesuré : parcourir le GR 11 peu connu et surtout jamais couru de 650 km aux frontières de l'Ile de France. Récit des intéressés.


 

"J'AI VECU MON MEILLEUR RELAIS DANS LA FORET DE FONTAINEBLEAU, 15 KM A PLEINE BALLE SUR UNE PARTIE DU PARCOURS DES 25 BOSSES"


Quand j’ai découvert ce GR un dimanche dans mon canapé, je ne pensais pas que ça allait nous embarquer dans un telle aventure. Ce fut une aventure incroyable, loin des compétitions, des performances individuelles, je pense que l’on se souviendra de ces 64h23 toute notre vie.

C’est pas facile de faire un récit de course tant il y a de choses à dire et à raconter mais je garde quelques éléments forts en tête :

- Le premier relais fut très intense, tu pars vite, trop vite parce que tu n’as aucune idée de ce qui t’’attends donc j’essaye d’en garder dès le premier relais. Je discute un peu avec Ro et

Guillaume, je vois qu’ils gelèrent un peu en vélo dès que la route s’élève dans les bois... Je pense qu’à ce moment, on comprend tous les 3 que le vélo va être un enfer surtout quand Guillaume débute sa série de crevaisons après 10km...


Vient ensuite la première nuit avec Cedric et Thomas. J’en chie, j’ai eu très peu de repos entre ces deux relais et j’en chie avec le vélo dans la boue, c’est un calvaire, je sens que je me crame et j’ai la rage de ne pas pouvoir accompagné Cédric dans son relais, j’ai vraiment le sentiment d’être un boulet pour le relais. Finalement, je retrouve Cedric et Thomas un peu plus tard, je râle un bon coup et on reprend de plus belle.



Je termine le relais avec 13 bornes et un joli mur de 3km. Je déteste la nuit, j’essaye de me concentrer bien entouré par mes teammates qui entament une conversation sur les bateaux... j’y connais rien mais je les écoute et ça me fait passer le temps.


Après 2h de sommeil, on enchaîne avec le dernier relais de nuit. Les portions sont roulantes, tout aurait du bien se passer mais le vélo de Tom est à plat, toutes les 10’... J’avance alors avec Cedric et je demande à Bapt (notre ange gardien) de venir le récupérer avec le vélo défaillant au prochain switch de relais. J’enchaine donc les deux dernières portions avec Tom, ça discute, ça rigole et je passe le relais à Guillaume, je suis hyper soulagé d’avoir terminé cette première nuit et je fête ça avec une chocolatine.

Après une journée assez cool et un relais au milieu des baraques de fou avec Max j’enchaîne avec ma deuxième nuit en binôme avec Tom. Deux salles, deux ambiances, Tom a mal au genou, que ce soit en courant ou en vélo, de mon côté, j’ai jamais été aussi bien de nuit et j’ai les jambes pour envoyer... Comme la nuit précédente, on « termine » la nuit, j’ai un souvenir de plénitude incroyable au milieu de la campagne avec le jour qui se lève à l’horizon, le calme qui nous entoure, c’était un beau moment.


Viens alors le dernier relais de TOM, je vois qu’il souffre, je le pousse, l’encourage, j’ai la connerie, je n’ai pas envie qu’il se blesse donc je fais attention à notre allure pour assurer le coup. Je le laisse alors au camping pour finir ma dernière portion tout seul, à balle, je me sens hyper bien et quand je passe le relais à Guillaume je lui dis de tout dégommer !



Durant cette dernière journée, j’ai vécu mon meilleur relais dans la forêt de fontainebleau, 15km à balle sur des bosses, j’ai tellement kiffé ce moment. Je peux remercier Romain (notre kiné) pour le massage de récupération quelques heures plus tôt ! J’ai l’impression de courir mon premier relais. Et puis la pizza en guise de ravito ! du grand art !


Vient alors la dernière nuit, un enfer, le froid, la fatigue, l’envie de prendre une douche. C’est tellement dur de trouver la motivation, heureusement que les copains sont là, QUE FAFAILLE !!! On termine ce GR comme on l’a commencé, en bande organisée.



 


"LE PLUS USANT NE SERA PAS LA COURSE A PIED MAIS BEL ET BIEN LE VTT"


Quand Cédric m’a appelé pour me proposer d’intégrer ce projet il m’a dit « Est-ce que tu veux faire quelque chose de très con ? ». J’ai dit « oui ».


Je n’avais plus refait de « long » depuis plus d’un an avant de me lancer sur ce GR11 Project avec la team Bromance. 650 km à boucler en relais, du run et du bike, de jour comme de nuit à la frontale. Je ne savais donc pas vraiment comment mon corps allait répondre sur la durée. Bref, un projet débile mais qui me parle, avec des gars remontés comme des coucous. Une belle aventure humaine avant tout.


Départ le jeudi, à midi. Mon premier relais avec Cédric Fabulet est un run and bike à deux. 10 bornes chacun, une après-midi ensoleillée. Bref, on est dans le plaisir et la facilité mais on sait que ça ne va pas durer ! Effectivement, la suite nous l’a confirmé…


La nuit tombe et on commence à rentrer dans le vrai. On se rend tous très vite compte que le plus usant ne sera pas la course à pied mais bel et bien le VTT. Les portions de forêt dans la boue, avec du dénivelé, des pierres, du terrain bien gras et bien glissant. Dès les premiers kilomètres dans ce bourbier on perd beaucoup de temps car le coureur attend finalement les vélos.



La première nuit se passe globalement bien, pas de pépins physiques, mais le début des galères techniques avec des crevaisons vélo. Avant de partir sur un relais à trois (un coureur/deux vélos), Baptiste, notre régisseur me dit « Je pense que c’est une crevaison lente, faudra peut-être regonfler de temps en temps le pneu avant ». En effet, toutes les 10 minutes je dois m’arrêter et me retrouve rapidement en solo dans la forêt de Senlis à 4h du matin en train de gonfler mon pneu avant de VTT en espérant qu’il n’y ait pas de sangliers. Peu de sommeil sur cette première nuit. Seulement 1h30 car on doit enchainer avec les relais suivants.


Vendredi matin, le soleil se lève et Romain, le kiné, nous a rejoint à la Ferté Milon. Les sourires sont là, les tables de massage sont installées. Chacun raconte sa nuit, ses galères. Mon relais part à midi, encore avec Cedric Fabulet. Ce sera l’un des plus beaux : le long du canal de l’Ourcq. C’est tout simplement magnifique. Nous avons la chance de faire ce run and bike de 30 km, hyper roulant, sous le soleil. Un vrai beau souvenir pour moi.


La seconde nuit est plus difficile, mon genou gauche commence à tirer, une douleur supportable mais qui m’empêche de pouvoir courir normalement. Le VTT est de plus en plus galère et je sens qu’il me fatigue bien plus que la course, en particulier la nuit. L’éclairage n’est pas idéal ce qui demande pas mal de concentration pour voir le sentier. Mes muscles du dos se crispent, mes jambes fatiguent. On termine ce relais en duo vers minuit et arrivons au camping-car, au chaud. Ca fait du bien psychologiquement. J’englouti un plat de pâtes et me couche. Nous parvenons à dormir 3h de suite : entre 1h et 4h.



Le réveil sonne et ça pique. En mode automatique je remets mes chaussures et me prépare à repartir pour un run and bike en duo, toujours avec Cédric Dubourg, qui m’a embarqué sur ce GR11 Project. A nouveau 30 km à faire. J’ai dormi et j’ai mangé donc théoriquement tout va bien. En revanche mon genou tire de plus en plus. Je cours doucement pour que ça tienne sur la durée car je sais qu’il me reste encore 2 relais à faire après. Je cours 7,5 km tant bien que mal et récupère le VTT. Il fait à peine jour et le paysage est monotone, peu visible à travers le brouillard. J’ai froid puis j’ai chaud, je ne sais plus trop. Je manque globalement d’énergie et de sommeil. On enchaîne de longues lignes droites dans les champs, en faux plat montant. Mes roues patinent sans arrêt et je sens que je m’épuise de plus en plus. Par manque de lucidité je chute au ralenti, heureusement sans me blesser. Je prends un peu de sucre rapide et je bois mais ça ne change pas grand-chose. Cédric essaye de me faire rire pour que ça passe mieux. Je ne finirai pas ce relais. Le camping-car me récupère et Cédric termine seul en run. Il est frais comme un gardon le bougre.


Il me reste 2 relais à prendre.

Fontainebleau 13 km. Certainement mon plus beau relais. Max arrive au château de Fontainebleau quasiment en sprint. On se tape dans les mains, je suis regonflé à bloc. Ma copine m’a rejoint pour courir ce relais ce qui me boost encore davantage. Je prends donc énormément de plaisir à courir ces 13 km dans la forêt de Fontainebleau. Les couleurs d’automne rendent la forêt encore plus belle. C’est vraiment magnifique.


Il me reste 1 relais à prendre.


10 km. C’est pas beaucoup. Ca va le faire. Ce sera mon dernier relais de nuit à la frontale et les gars termineront pour boucler ces 650 km. Je dors enfin 4h de suite sur cette 3e et dernière nuit. Guillaume doit courir le dernier relais. Il arrivera vers 4h30 du matin. On l’attend de pied ferme à l’arrivée à Villiers Saint Frédéric.


Nous passons la ligne d’arrivée tous ensemble, tous les sept. 650 km bouclés en 64h23.

Je suis très fier d’avoir fait partie de cette belle aventure humaine. Au-delà du défi sportif, c’est cette solidarité et cette détermination collective que j’ai trouvée incroyable.



 


FALLAIT LIRE LE ROAD BOOK


2020 devait être une grande année sportive avec le MIUT, le DXT, notre premier 100 kms et le marathon de Valence. Mais un virus en a décidé autrement et a atomisé tous nos espoirs de podiums ! Les annulations en cascade des courses sur route et des trails à saucisson, nous ont poussés à créer notre propre projet. On voulait voir grand, être ambitieux quitte à y laisser des plumes, partager quelque chose d’unique et de jamais fait.


Le GR11 Project est né. Au menu, 650 kms aux frontières de l’Île-de-France en relais de jour et de nuit, 7 coureurs et le tout en moins de 65h. Bref une sinécure !

Avant le départ, sur le papier tout était millimétré et le road book était parfait. Nous avions passé des jours et des semaines à tout prévoir, à préparer la logistique, à recréer les traces, à élaborer des stratégies de course et à repérer le parcours de 650 kms sur GoogleMap et StreetView.



Départ à 12h20 de Villiers-Saint-Frédéric pour Max et Charlotte. L’euphorie est palpable, les relais s’enchainent parfaitement, le temps est clément et aucun bobo n’est à déplorer… Tous les feux sont au vert et à cette allure là, nous serons tous de retour sur notre canapé avec une bière à la main. À la tombée de la nuit, les galères de VTT commencent et elles nous suivront jusqu'à notre arrivée à Villiers : crevaisons multiples, chemins impraticables, côtes infranchissables, sentiers boueux, escaliers, fatigue supplémentaire… Les VTT devaient être une partie de plaisir pour récupérer mais ils corsent notre aventure !

Dans le camping-car malgré un confort sommaire, chacun prend le temps de se reposer et de manger. Les effluves culinaires essaient de chasser les odeurs de transpi. Un défi se joue en parallèle : le premier qui se douche a perdu... Et personne n’a perdu, merci l’odeur !

Dans la journée, les stratégies de course vont bon train, on se croyait la veille d’un conseil de Koh-Lanta. L’objectif est de réduire au maximum les relais à vélo pour économiser les coureurs et éviter de rester bloquer en forêt dans 30 cm de boue. Cependant petit matin, le doute s’installe, il reste encore 250 kms à faire, deux coureurs sont fébriles et le vélo nous a fait encore perdre beaucoup de temps. Nième changement de stratégie. Malgré une certaine réticence au début de l’aventure, maintenant tout le monde partira en solo de jour comme de nuit, car le parcours est semé d’embuches pour les suiveurs à vélo. Cette stratégie sera payante, enfin !




Les legs s’enchainent beaucoup plus rapidement, l’équipe retrouve son panache et donne son maximum sur chaque segment. Pour la dernière nuit, nous sommes 5 coureurs pour finir les 100 derniers kms. Le van et son conducteur d’exception Colin, nous amènent à chaque checkpoint. Max, Ced, Romain, Guillaume et moi jetons nos dernières forces dans la bataille. Les legs sont courts, incisifs et rapides. Dans la pénombre, nous ne sommes pas vraiment seuls, des yeux nous scrutent. Des chats, des lapins, des biches et même des sangliers détalent devant le halo brumeux de la nôtre frontale. Rien de très rassurant mais ça aurait le mérite de nous faire accélérer !

Au final, 118km au compteur, 11 relais, 3 nuits blanches, une paire de Fujitrabuco Sky aux pieds, beaucoup de sueur et quelques kilos de pâtes engloutis me permettront enfin de dormir 3h après avoir franchi la ligne d’arrivée à Villers-Saint-Frédéric avec mes 6 bros, 64h23 après avoir quitté la gare !


Une aventure épuisante mais humainement incroyable. Tellement d’amour et de bienveillance dans ce groupe qui est resté soudé même à travers toutes nos galères. Une seule envie maintenant, trouver un autre projet fou et recommencer. 


 

SE FIXER UN OBJECTIF ET S'Y TENIR


On a fini ! Rien ne pouvait me rendre plus heureux que lorsque l’on a décidé de continuer alors qu’il nous restait 240km a parcourir et que nous faisions face à une tonnes de galères…

Avant d’en arriver là, le projet du GR 11 a nécessité six mois d’organisation pour toute la team. Une parcours très long à tracer, des partenaires à séduire, une organisation de course à définir, des RTT à poser…


Le GR 11 est de loin le projet le plus ambitieux de BROMANCE depuis sa création. Un projet qui reflète parfaitement la philosophie du groupe, chercher des expériences uniques et se mettre un bon kilométrage de CAP.


La course à pied fut au final le plus simple à gérer pour moi (merci à nos kinés Weasyo pour les massages recup sur le parcours). Une condition physique correcte, pas de bobos mais des doutes sur le contenu de préparation compliquée à créer pour un format de course improbable : 9 x 10 à 13km avec entre 3 et 6 heures de recup entre chaque portion… Chacune d'entre elle nous réservait son lot de surprises. Une chose est sûr, ce GR 11 est un parcours de trail. Bien que le dénivelé ne soit pas énorme, les Fujitrabuco Sky ont été choisies sur la grande majorité des segments.



L’adrénaline a clairement pris le dessus sur la fatigue et je n’ai pas ressenti de coup dur durant les différentes portions même de nuit. Eclairés par les frontales SILVA, nous avions réservé le modèle Trail Runner Free H pour le coureur avec sa batterie intégrée et équipé les VTT avec les modèles  Trail Speed 4XT et Cross Trail 5, à batteries déportées et plus puissant en lumen.


650km à suivre des marques rouges et blanches relèvent de l’impossible. Pour éviter de se retrouver en Belgique, nous avions divisé le parcours en 6 traces GPX que nous avions confié aux Garmin Fénix 6 Pro Solar. Pas de sortie de route majeur, la précision du mode navigation est impressionnante et nous a permis d’avoir un souci en moins… Accompagné d’un tracker Inreach mini bien utile pour anticiper l’arrivé du coureur et réveiller à temps le relayeur…

Jusqu’ici tout parait simple, on pourrait croire que ce GR11 fut une balade de santé. C’est sans parler de nos 2 ennemis, les VTT. Alors que nous pensions que les VTT allaient nous permettre de récupérer et de palier à la solitude du coureur, cette assistance nous a causé énormément de souci. Entre les passages non praticables les crevaisons (2 à mon actifs soit un sans-faute ) et la fatigue procurée par le VTT, nous avons rapidement diminuer les portions avec assistance pour finir par les supprimer.

Une sage décision qui nous a permis de boucler ce GR de 650km en 64h23 avec beaucoup de souvenir et pas mal d’expérience en plus. Le bonheur du GR 11 se résume donc à un camping-car, un van, 6 coureurs, un staff et des partenaires en or… 



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