top of page

CHAMONIX POUR TERMINER EN BEAUTÉ

La Saison 2019 a été marquée du sceau du trail sous toutes ses formes. Après la Frontale en janvier, les Marcassins en février, la Montcient en mars, la Maxi Race d’Annecy fin mai, les bros se rendent à CHAMONIX : Mecque du trail français.

LE TAR


Le Trail des Aiguilles Rouges est considéré comme particulièrement difficile : seulement 54km pour 4000m de D+ et un terrain de jeu très technique, accidenté, exigeant, casse pâtes, sans réelles relances.


Ce qui n'empêche pas Cédric, Guillaume, Romain et Maxime de se lancer avec panache à l’assaut de cette nouvelle épreuve.



ÉTAT DES LIEUX


Romain : mon objectif principal de 2019 était la Maxi Race en mai dernier. Puis après cela j'avais décidé de faire un petit passage dans la belle région des Alpes du Sud pour faire le Salomon Ubaye trail cet été, et de terminer l’année sur le TAR « en mode tranquille ». Mais dans l’espoir de faire 10h !


Cédric : je voulais boucler ma saison 2019 en beauté et évacuer la frustration de la Maxi Race avec une course trop "gérée" à mon goût. Après une grosse prépa estivale (Pays-Basque + Pyrénées) j'arrive sur le TAR avec les cuissots gonflés à bloc et le couteau entre les dents. Objectif 8h30.


Guillaume : j’ai pas mal analysé le parcours pour décortiquer la course et les temps de passages. Exercice compliqué tant les portions sont différentes de la maxi : beaucoup plus raides sur de nombreux km. Objectif fixé aux alentours de 10h. Ça s’annonce complexe.


Maxime : Après un passage éclair à Cham’ dans le cadre de l’UTMB, je suis chaud pour tracer la route des aiguilles rouges malgré une prépa bâclée à cause des vacances. Les jambes sont légères et je me projette déjà sur les courses sur route à venir. Grossière erreur…

4H30, PLACE DE L'AMITIÉ


Cédric : je pars « aux sensations ». Les jambes sont là, je déroule, la course commence bien. J’aime pas la nuit mais j’essaye de me focaliser sur les gens devant moi pour me changer les idées. Je suis surpris par la raideur des côtes. Je m’attendais à une mise en jambes tranquille mais en fait non, ça attaque direct ! J’essaye d’en garder sous la pédale pour être en forme avant la montée vers les Aiguilles Rouges.


Guillaume : comme d’habitude je décide de faire confiance à ma stratégie de diesel, à savoir « la course ne démarre qu’à la moitié ». La partie nuit se passe plutôt bien avec mes 2 acolytes Romain et Max.


Romain : départ « prudent » car j'ai toujours une douleur derrière les genoux et au 12eme km, par manque de concentration, je me foule la cheville gauche. Un début de course trop lent et pas vraiment prometteur !


Maxime : j’aime pas la nuit. Je n’y vois rien, ma frontale se décroche 2 fois, ça commence mal. Les jambes sont pourtant au rdv et je me sens bien. Je suis Guillaume et Romain à une vingtaine de mètres, ils sont plus à l’aise que moi en montée mais je m’accroche.


ÇA GRIMPE JUSQU’AU PLANPRAZ

Romain : au sommet des Aiguillettes de Houches, le paysage et la vue sont magnifiques mais je commence à avoir froid et je suis 259eme au classement ! Je descends vers le Brévent en accélérant la cadence où je croise l’ami Bobo qui me dit de passer en mode « PAC Man », et d’appuyer un peu ! Et c’est à ce moment là que je commence à me prendre au jeu. J’arrive à Planpraz à la 189eme place. Ça double un coup à droite, un coup à gauche et je prends vraiment du plaisir.


Cédric : j’appréhendais cette ascension. Sur le papier, elle semblait très raide. J’ai les jambes et j’envoie pendant 5km mais d’un coup une douleur apparaît au niveau de la fesse droite. C'est le nerf sciatique qui se réveille. J’arrive au sommet des Aiguillettes des Houches, les larmes aux yeux. Entre les Houches et le Brévent, je suis en plein doute. Je ne profite même pas du lever du soleil. J’envoie sur le plat et la descente pour me soulager. Mais j’ai mal en montée. Dans la descente du ravito à Planpraz, je reprends des forces et de l’espoir. Cet effort me soulage, je lâche les chevaux, les jambes sont là. Je remplis juste mes gourdes au ravito et repars aussi sec. Je vais bouffer ces Aiguilles Rouges !


Maxime : Alors que je suivais mes 2 potes de loin, je décide de mettre un sacré coup d’accélérateur sur le « plat » en descendant jusque Planpraz pour les rattraper au plus vite. Cela fonctionne, puisqu’en l’espace de 15min je me retrouve à quelques mètres d’eux, et là, c’est le DRAME ! J’anticipe très mal un passage technique et pris dans mon élan le genou gauche se bloque et se tord. Douleur très intense, ça résonne dans mon corps entier et je fais une petite pause. Constat rapide : je peux encore plier la jambe et poser le pied, donc pas de temps à perdre, je dois retrouver mes copains.


Guillaume : mes ischios se réveillent au 18eme. Crampes ou inflammations, aucune idée mais cela m’oblige à marcher et à commencer à paniquer. La galère jusqu’au 35k et cette portion complètement sous-estimée dans ma réglette car hyper technique et surtout à plus de 2000m.


DE L’INDEX A ARGENTIÈRE : LE DOUTE, LA RELANCE ET L’ABANDON

Romain : en haut de l’Index je suis à la 150eme place et je me sens de mieux en mieux, mes jambes sont revenues ! Alors j’attaque la descente vers Argentière en restant très focus afin d’éviter de me blesser mais en continuant d’accélérer, avec l'objectif de doubler chaque nouveau coureur devant moi !


Cédric : première montée, la douleur revient de plus belle. J’ai tellement mal que je n’arrive pas à manger, j’ai la nausée. Je ne sais même pas où j’en suis sur le parcours. La descente vers Argentière peut commencer. Je pars avec un mec du coin qui court sans dossard et rentrera chez lui au prochain ravito. On se relaie, pleine balle, je kiffe ! Le mec me remotive, m’interdit d’abandonner. Au bout de 6h c’est la première personne qui me parle et avec qui j’échange. C’était long, du coup ça me fait du bien moralement. Je ne lâcherai pas.


Guillaume : je serre les dents et me dit que le temps va peut-être jouer en ma faveur. Le paysage absolument somptueux est un vrai réconfort, la réputation du TAR n’est pas à sous-estimer que ce soit dans la difficulté ou dans les points de vue qu’il nous offre. Seul depuis le début de mes soucis, je limite la casse mais m’inquiète du chrono. Et pour cause, temps de passage terrible au 35eme où j’estime une arrivée en presque 12h. Ce n’est pas possible, mon titre de métronome est en jeu, je fais le point à Argentière et décide de prendre des risques dans la montée des Posettes. J’applique mon nouveau principe de rapport "risque - bénéfice" qui consiste à se poser la question suivante : si je tente ça, le bénéfice est-il suffisant par rapport au risque encouru.


Maxime : après le ravito du 24ème km, et l’entame de la première réelle descente, la douleur se fait de plus en plus intense et je suis contraint de ralentir puis marcher. Je pense à ma femme et aux kids qui ont supporté tous ces entraînements et autres réveils trop matinaux, ainsi qu’à mes bros qui sont à présent loin devant. Je n'ai qu'une idée en tête : les rejoindre au plus vite. Je relance tant bien que mal jusqu’à l’Index. Puis dans la descente vers Argentière, c’est l’enfer. La douleur devient insupportable, j’ai même du mal à marcher. Après un long calvaire de plus de 10km et l’arrivée au ravito du 38ème, en boitant, je dois accepter l’inacceptable : il faut abandonner. La plus difficile des décisions de ma carrière de runner amateur. Le constat est implacable : la montagne a gagné.


EN ROUE LIBRE


Guillaume : ici le bénéfice est de raccrocher le chrono de base en tartinant dans la montée alors que le risque est faible vu le peu de km qui restent et le chrono déjà flingué. Ça paye je monte en 1h et des bananes aussi bien que nos mobylettes du top 100. Gros gros moral en plus de ça quand je réalise que je suis redescendu sur une base 10h30 avant la descente. Évidemment plus de douleur, de la fatigue mais rien d’anormal vu la technicité de ce parcours qui demande une attention constante pour ne pas se péter quelque chose. Encore quelques minutes de grappillées dans la descente de Vallorcine pour une arrivée en 10h15. Heureux de retrouver les bros, d’avoir boucler ce TAR, aux paysages à couper le souffle, et ce sans bobos.


Romain : après un très court ravito au 38eme j’entame une longue montée de 1000 D+ vers le col de Posettes ; malheureusement au bout de 6 minutes l’un de mes bâtons se casse et m'oblige à prendre cette longue montée sans aucune aide ! Arrivée sur le col, je sais que c’est la dernière descente alors je lâche les chevaux et je continue en mode « Pac Man » jusqu’à la ligne d’arrivée. Temps de course 9h14 et une longue « remontada » de 165 places. Pour finir à la 94eme place du classement général. À l’année prochaine !


Cédric : là c’est simple, je pose mon cerveau. Je sais que j’ai mal, je sais que ça va être un enfer. Clairement mon plus mauvais souvenir de course pendant longtemps. Je décide d’arrêter de courir à partir du parking. Le but c’est de finir. J’opte donc pour une marche rapide dès que je peux. Les larmes reviennent mais j’avance. Je récupère 4 mecs. On descend comme des mongoliens. Petit à petit on se retrouve à deux, je ne suis jamais descendu aussi vite de ma vie. Sur certaines portions ma montre m’indique du 3’25/km. Je ne lâche rien et prend tous les risques. Ça paye, arrivée en 8h29, c’est irréel vu mon état tout au long de la course. J’attends les bros, c’est la fin de saison, place aux festivités !


Maxime : je me fais rapatrié en van par l’orga jusqu’à la ligne d’arrivée où je retrouve enfin mes potes, un peu honteux, les yeux encore humides, entre sentiment d'échec, le douleur, tout en ayant respecté mon motto : courir avec panache ! Le TAR m’a eu, j’aurai ma revanche.


0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page