Après s'être frotté à la Maxi Race d'Annecy format 116K, notre pottok Cédric est de retour sur un (très) long format à l'occasion du "Nice Côte d'Azur by UTMB" : 165Kms / d+ 9000.
Avant de courir ce chantier, il y a eu la prépa orchestrée par le coach Xavier Teychenné de la team Ibex Outdoor. Ce fut, je pense, la meilleure prépa de ma vie, du volume bien construit, pas de blessure et beaucoup de plaisir (notamment lors de mes semaines dans les Pyrénées où mon seul objectif était de casser mes cuisses).
C’est donc au top de ma forme que j’arrive à Auron le vendredi 29 septembre à 11h pour prendre le départ du NICE UTMB. Au programme, 165km, 9000D+ et 10000D-, un joli bordel en perspective. Et pour m’épauler dans cette mission j’ai la chance d’avoir à mes côtés Adèle et Maxime qui vont littéralement me sauver de l’abandon dans quelques heures.
12h10 : TOP DEPART
Je pars à la cool avec la stratégie du coach en tête : Interdiction de dépasser les 155bpm. Je remarque direct que le cardio monte plus vite que d’habitude, bizarre mais je tente de réguler tout ça. Au bout de 4km, première grosse descente et d’un coup, de grosses crampes surgissent dans mon ventre, je ne comprends d’où ça vient et petit à petit ça va me bouffer le cerveau…
J’attaque ensuite le gros morceau de ce début de course, la vallée des merveilles. En montée, effectivement, c’est merveilleux, mon ventre me laisse tranquille et les sensations sont excellentes mais arrive la grosse descente vers Isola et rebelote… Le ventre me fait super mal à chaque pas. C’est raide mais je serre les dents pour arriver dans Isola et découvrir Adèle, déguisée en Télétubbies… Ca me redonne le sourire et Max s’occupe de moi au ravito. Je tente de faire abstraction du ventre mais je ne comprends pas d’où ça vient et ça me rend un peu fou.
SAINT SAUVEUR (63K) / UTELLE (105K) : LA BALLADE
Après ce ravito, le schéma se répète, une première partie où je repars à fond, de supers sensations et puis arrive la descente vers Saint Sauveur au début de la nuit (KM63). Cette fois ci, c’est la nausée qui prend le relais et j’arrive au ravito dépité, rien ne se passe comme prévu et je me sens impuissant face à une situation que je n’ai jamais vécu. C’est dur, j’ai envie de lâcher mais Adèle dégaine l’arme secrète… Un podcast de 2h15 qu’elle anime avec des interventions de tous mes proches et famille….
Autant vous dire que l’effet boost est incroyable, j’enchaine les ravitos, les montées et descentes jusqu’à Utelle (KM105). A ce moment là, je suis 18e et en avance sur mes temps de passage, tout roule. J’en profite donc pour désinfecter quelques plaies apparues suite à une chute et je repars. Peut être que je repars trop vite et qu'avec l’euphorie, je ne mange pas assez. 8km plus tard, le jour se lève et j’attaque une grosse montée vers le ravito du 116e et d’un coup la lumière s’éteint, j’ai envie de vomir, la tête qui tourne, je ne peux plus m’alimenter, plus courir, je suis juste vide….
LEVENS (116K) : LE DRAME
Au ravito, je dis à Adèle que je ne peux plus continuer, que je veux arrêter, elle me dit de me reposer et je l’écoute en allant voir l’équipe médicale. On prend mes constantes et je ne peux toujours pas m’alimenter. La médecin veut que j’arrête…. On décide d’essayer de dormir 25’ pour voir si mon estomac ira mieux après. Au réveil j’arrive à m’alimenter mais l’équipe médicale refuse que je reprenne la course… Je commence à me faire à l’idée que la course est terminée et j’enlève mon dossard. C’est à ce moment là que Max me sort la phrase qui va tout changer « On est d’accord que tu changes de tenue là », je ne sais toujours pas pourquoi mais je lui dis oui et je négocie avec le PC course pour reprendre la course.
La suite….
Je repars avec 1h40 de pause, je suis passé de la 18e place à la 31e et va savoir pourquoi je rentre en mission remontada dans ma tête. Je me dis que je ne peux pas lâcher tous les gens qui m’ont tant soutenu pendant cette course. Je pense aussi à Adèle et Max, je veux les rendre fiers et leur redonner tout ce qu’ils font pour moi depuis presque 20h….
LE TRIOMPHE
J’enchaine alors les meilleurs 50km de ma vie, les jambes sont incroyables, à chaque ravito, j’arrive avec minimum 20’ d’avance sur les temps annoncés et je remonte au classement. Je vis un moment de plénitude extraordinaire et j’essaye d’en profiter au max. Dans ma tête cette portion a durée 2h, c’est assez fou quand j’y repense.
Arrive ensuite l’arrivée dans Nice, je m’accroche sur les dernières difficultés et je franchis la ligne en 28h29 (22e) et je me jette dans les bras d’Adèle <3 . En vrai, le chrono et la place, je m’en fous car j’ai tellement appris sur moi, sur mon mental et j’ai pris dans la gueule une montagne d’émotions grâce à tous ceux que j’aime. Je ne vivrais sûrement plus aucune course pareil à présent car cette course m’a rendu bien plus fort et j’ai déjà hâte de vivre de nouvelles aventures mais d’ici là, place au repos bien mérité.
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